Dr Amadou Gabriel Ciss : « L’implication du Centre Cuomo était une absolue nécessité »

Deux ans tout juste après son inauguration, le Centre cardio-pédiatrique Cuomo (CCPC) de Dakar est en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Une reconversion logique aux résultats probants. Ce que nous explique le Dr Amadou Gabriel Ciss, chef de service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire au Centre hospitalier national universitaire (CHNU) de Fann.

Scribouille : Tout d’abord, pourriez-vous nous faire un petit point sur la situation sanitaire du Sénégal à ce jour et la manière dont les autorités compétentes ont jusqu’à présent géré la crise ?
Amadou Gabriel Ciss (A. G. C.) : La situation sanitaire du Covid-19 au Sénégal le 14/05/2020 en termes de données chiffrées est : 2.189 cas déclarés positifs dont 842 guéris, 23 décédés, 1.323 sous traitement. La mortalité est donc de 1%.
La gestion de la crise est centralisée par le ministère de la Santé ou une task force Covid est créée impliquant toutes les structures de soins, les laboratoires et surtout les volets préventions et communications. Une implication des autorités étatiques au plus haut sommet a également été notée.

Scribouille : Face à l’urgence, il a été très rapidement décidé- en accord avec votre partenaire, la fondation Cuomo – de réorienter une partie de votre activité. Pourriez-vous nous dire plus précisément de quoi il retourne et ce qui a changé pour vous et vos équipes ?
A. G. C. : Le Centre Cuomo dispose d’une réanimation dédiée à la chirurgie cardiaque avec un équipement moderne de dernière génération et de ressources humaines bien formées. Cette réanimation constitue donc l’outil idéal pour prendre en charge les cas graves de Covid dans des conditions de sécurité maximales pour les patients et le personnel de soins.

 

L’hôpital de Fann est la structure universitaire de référence pour les maladies infectieuses

 

Scribouille : Pouvez-vous nous dire de manière très concrète quel rôle a joué et joue encore le Centre cardia-pédiatrique Cuomo et ses équipes dans la lutte contre le Covid-19 ?
A. G. C. : Le CCPC et ses équipes constituent un dispositif central dans la lutte contre le Covid 19, le CCPC a très tôt été mis en pole position par le ministère de la Santé dans la gestion des cas graves nécessitant une réanimation intensive.

Scribouille : Diriez-vous que votre implication dans cette lutte contre le Coronavirus était une nécessité ?
A. G. C. : L’implication du CCPC était une absolue nécessité. L’hôpital de Fann est la structure universitaire de référence pour les maladies infectieuses et le CCPC qui est situé dans l’enceinte de l’hôpital Fann a la réanimation la mieux équipée, il était impératif de mettre cet outil à la disposition des malades pour une prise en charge adéquate.

Scribouille : Si un (premier) bilan de votre action devait être tiré, quel serait-il ?
A. G. C. : Le CCPC qui était dédié à la chirurgie cardiaque s’est très bien adapté au contexte d’une pandémie et a joué un rôle déterminant dans la prise en charge des malades graves. Ces cas graves sont responsables de la mortalité dans le Covid-19.

Scribouille : Malgré les craintes exprimées sur l’état des systèmes sanitaires, l’Afrique pourrait finalement s’en tirer relativement mieux que d’autres régions du monde. Comment le comprenez-vous ?
A. G. C. : Je préfère rester prudent, mais les tendances actuelles des statistiques nous montrent que l’Afrique est relativement épargnée par rapport au reste du monde. Cela pourrait être dû à plusieurs facteurs tels que la jeunesse de la population africaine, une certaine expérience face à la gestion des épidémies (Ebola, Choléra, Méningite…) et les mesures d’isolement rapidement mises en place par les autorités sanitaires.

Propos recueillis par Hervé Pugi

Paru sur le site www.54Etats.com

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