NKTT

Je me départissais de toute fierté en vagabondant dans le kébbé. Que pouvait peser la somme de mes vanités face aux plus humbles des affranchis ? Marcher tête haute, c’était risquer de percuter de plein front la très haute dignité de ces humiliés. Enfin, je cadenassai chacun de mes rêves avant de mettre un pied dans un kébbé. L’espoir est de toute évidence un luxe bien trop coûteux pour de petits miséreux qui semblaient voir en moi un curieux mirage au nez rouge ou un djinn[4] égaré, déposé là par la dernière tempête de sable. Je n’étais en fait qu’une autre chèvre famélique et malodorante caracolant sans but sur les cimes du mont des Immondices. Avec délice. Continuer de lire NKTT

« Tu connais Leçon des Ténèbres ? »

Je me rends compte que je n’ai rien retenu, rien écouté. Si peu en fait. L’indispensable a été noté en quelques misérables lignes sur mon calepin et je ne peux m’empêcher de songer que c’est déjà sûrement bien généreux. Je prends juste le temps d’expliquer à Omar que l’on n’apprend rien dans ce genre de rendez-vous avec ce type de personnes. C’est cracher dans l’eau pour faire des ronds mais le simple fait de le constater en dit long sur la situation d’un pays et son avenir. Continuer de lire « Tu connais Leçon des Ténèbres ? »

Jedda

« … Et je pense a mamie, cheminant sans histoire sur les trottoirs de Kouba. Environs d’Alger. La porte à côté. Celle derrière laquelle elle vit, espère et s’inquiète en silence pour les siens. La simple pensée que cette humble femme puisse exister me rassure, me soulage. Moi qui ne suis qu’une modeste bouture exotique repiquée dans son terreau fertile d’amour… »   Khartoum, Soudan. Mercredi 7 … Continuer de lire Jedda

Kawa

« Chaud le café ! ». La tasse rebondit. Vacille. Hésite. Stoppe nette sa course. In fine. Au milieu de la table. Une larme noirâtre s’échappe. Souille la supposée virginité de la prétendue faïence. Vaguement immaculée. Ricanements. Le patron. Coup de chiffon. Malpropre. Moi. « Maahlich… Maahlich… » Mal prononcé. Compréhensible incompréhension. Sourires. Compassion. Retour à ma vigie mentale. Tunis. Rue de Marseille. Peut-être ses environs. Sais plus. C’est en … Continuer de lire Kawa

Ash-Shams

Le soleil tombait sur la mer Morte, magnifique spectacle, mais je ne prenais pas à la supercherie. A travers un fin halo lumineux la frêle silhouette d’un marionnettiste biblique jouant délicatement de ses fils flamboyants se dessinait, subterfuge grossier, et alors que l’astre divin avait rougeoyé de mille feux dans le désert, le voilà – brillant prestidigitateur – qui n’était plus qu’aguichantes et majestueuses dorures … Continuer de lire Ash-Shams

Amin

« Tout le monde ce n’est personne » et quel monde que celui qui nous entoure. Marrakech est un fantasme orientaliste qui dépayse jusqu’aux autochtones ! Pas une critique. Pas une vraie en tout cas. Juste un constat. La carte postale vaut bien un thé à la menthe, sans saveur ; une paire de babouches, ces oreilles de Mickey du Maghreb ; un tatouage au henné, qui pourrait être un … Continuer de lire Amin