Présidentielle aux Comores : La tension monte !

A quelques jour du 1er tour de l’élection présidentielle aux Comores – disputé le 14 janvier 2024 – les tenants d’un troisième mandat consécutif pour le président Azali Assoumani et ses opposants se rendent coup pour coup. Comme trop souvent, la question de la viabilité du processus électoral est au centre du satisfecit des uns et de la défiance des autres.

Les bulletins ne sont pas encore dans les urnes que, déjà,la suspicion est de mise autour du rendez-vous électoral de ce début d’année. Alors que du côté de la Mouvance présidentielle, on se vante de la remise à plat du fichier électoral et l’organisation d’un scrutin « libre et transparent » comme jamais, une certaine opposition – notamment représentée par Mohamed Douadou (Parti orange) – évoque une campagne électorale émaillée de coups pendables de la part du pouvoir entre intimidations et non respect de la Constitution sortie du référendum du 30 juillet 2018. « On ne change pas d’arbitre en cours de jeu » fait ainsi remarquer M. Douadou faisant référence au limogeage de la présidente de la section électorale de la Cour suprême le jeudi 7 décembre dernier. Une accusation balayée d’un coup de manche par Kamalidine Souef ministre des Télécommunications, des postes et de l’économie numérique, pour qui « tout cela relève de la prérogative exclusive du président ». Celui-là même d’ajouter qu’ « il n’y a rien à voir derrière cette décision » qui interroge forcément sans qu’aucun protagoniste, peu importe le camp, ne soit capable d’expliquer les tenants du débarquement de l’intéressée.

« Rien n’est facile »

Loin de ces questionnements, le porte-parole du président Mohamed Issimaïla se veut particulièrement serein et annonce la couleur en affirmant qu’il espère « une victoire nette dès le 1er tour ». Pour en arriver à un tel résultat, celui qui est également conseiller spécial d’Azali Assoumani se réfère à « une dynamique de campagne avec des meetings aux quatre coins du pays qui n’ont cessé de grandir avec le temps. » Le mot « continuité » est sur toutes les lèvres des soutiens du chef de l’Etat qui mettent en avant le bilan de leur champion : réformes politiques et économiques infrastructures de toutes sortes et projets d’envergure (nouvelle aéroport, construction de l’hôpital El-Maarouf, data center). « Rien n’est facile dans un pays pauvre comme le notre », reconnaît Mohamed Issimaïla, « mais la volonté est là et une rupture avec la politique initiée en 2016 aurait des conséquences néfastes alors que le Président a réussi à réunir les Comoriens. »

Des observateurs internationaux…

La rupture, c’est pourtant ce que préconise un ancien soutien – passager – de l’actuel chef de l’Etat. Ministre de l’Intérieur entre juin 2016 et août 2021, Mohamed Daoudou retourne les arguments de ses rivaux et pointe du doigt la faillite de l’école publique, en grève depuis un mois, les retards pris dans l’édification du spectaculaire nouvel hôpital de Moroni ou encore une inflation qui affecte les plus pauvres des habitants d’un archipel indigent.

« Je ne doute pas car j’ai bien travaillé et mon programme est bon », se targue le candidat du Parti orange qui malgré de nombreuses dénonciations refuse l’idée de boycotter le rendez-vous du 14 janvier. « Nous voulons des élections transparentes », affirme-t-il et il compte sur la présence de deux assesseurs de son camp dans les 868 bureaux de vote pour s’assurer du bon déroulement d’un scrutin qui sera suivi par des observateurs internationaux provenant de la Ligue arabe ou encore de l’Union africaine. Il n’empêche que M. Daoudou s’est montré formel : « je ne me fierai qu’aux résultats constatés par mes assesseurs à la sortie des urnes, pas à une déclaration quelconque de la Commission électorale ». Ce dernier de prévenir, sans toutefois préciser sa pensée, que « les ingrédients sont là pour que tout explose, surtout si M. Azali est déclaré vainqueur au 1er tour ». Une menacé à peine voilée qu fait tantôt sourire tantôt grimacer du côté de la majorité qui renvoie le leader du Parti orange à ses activités antérieures du côté du ministère de l’Intérieur…

Hervé Pugi

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